Conseil municipal de Mantes la Jolie
Séance du 5 juillet 2010
Marc Jammet
Question orale
Monsieur le Maire,
Ma question porte sur le service de cardiologie interventionnelle à l'Hôpital de Mantes la Jolie.
Celui-ci est, en effet, menacé de fermeture.
C'est, en tout cas, ce qu'a décidé le Directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), Monsieur Claude Evin lors d'une réunion régionale le 11 mai dernier (SROS - schéma régional d'organisation sanitaire).
L'argument avancé est que l'offre de soins en la matière serait trop importante dans notre région.
Cette décision depuis, en a entraîné une autre: celle du directeur de l'hôpital de suspendre les activités de ce service à partir du 1° juillet dernier.
Les faits, pourtant, contredisent totalement cette décision.
Ouvert le 11 janvier dernier, le service de cardiologie interventionnelle - qui fonctionne 24 heures sur 24 et traite particulièrement les urgences et/ou les infarctus du myocarde - a, en très peu de temps, fait la preuve de son utilité.
En six mois, 270 examens y ont été réalisés (+ 29% par rapport à la situation antérieure) dont 160 coronographies (+ 14%) et 110 dilatations (+ 92%) parmi lesquelles 35 dilatations en urgence (+ 304%).
C'est que cette offre de soins correspond particulièrement aux besoins identifiés dans notre pays (où cancer et maladies cardiologiques sont les deux premières causes de mortalité), dans notre région où l'origine et la culture de nombreux habitants les prédisposent au risque cardiologique (diabète et hypertension).
Cette offre de soins est d'autant plus crédible que l'Hôpital de Mantes la Jolie dispose de moyens adéquats: un service d'accueil des urgences (SAU) et un héliport.
Enfin, le fonctionnement de ce service accroît l'activité d'urgence et donc l'activité et la programmation de cette dernière (USIC - Unité de soins intensifs).
La décision du Directeur de l'Agence régionale de santé est donc incompréhensible du point de vue de la santé de la population.
La fermeture, à contrario, de ce service - si elle profiterait aux cliniques privées d'Evecquemont et d'Evreux - contredirait totalement ce point de vue.
Cela signifierait le transport des patients en ambulance dans l'une de ces deux cliniques - soit 30 à 45 minutes de trajet.
On imagine sans peine les conséquences dramatiques en séquelles graves et décès que cette fermeture provoquerait. Cela, d'autant plus que ces cliniques ne possèdent ni service d'accueil des urgences, ni héliport.
De nombreux élus se sont déjà opposés à cette fermeture. C'est le cas notamment de nombreux élus locaux: Didier Jouy (Conseiller général du canton de Bonnières, seul élu présent lors de la réunion du SROS du 11 mai et qui a voté contre cette décision), des maires de Limay (Eric Roulot), Magnanville (André Sylvestre), Mantes la Ville (Monique Brochot), Rosny sur Seine (Françoise Descamps), de la députée de la 8° circonscription (Cécile Dumoulin) qui a demandé une entrevue avec la ministre de la Santé pour lui exposer le problème.
Il importe maintenant, à mon avis, d'informer largement la population et d'inviter toutes celles et tous ceux qui veulent sauver ce service vital à agir ensemble - quelles que soient, par ailleurs, leurs opinions politiques.
Sans trop entrer dans les détails, il faut savoir que le décret n° 2009-409 du 14 avril 2009 (relatif aux conditions d'implantation applicables aux activités interventionnelles en cardiologie) prévoit - dans le cadre de la révision des schémas d'organisation sanitaire sur 12 mois - qu'un tel service (celui de Mantes la Jolie) peut demander une autorisation pour poursuivre son activité.
Il a ensuite 18 mois pour atteindre les objectifs fixés par la loi (et le décret) soit 350 dilatations à l'année.
En décidant la fermeture de ce service, ce qu'on refuse à l'Hôpital de Mantes la Jolie, c'est le droit de prouver qu'il répond aux besoins.
Aussi est-ce la raison pour laquelle, Monsieur le Maire, je pense - qu'à travers une motion ou un vœu - le Conseil municipal de Mantes la Jolie serait tout à fait fondé à se prononcer pour qu'il soit accordé à notre hôpital le droit de poursuivre l'activité de ce service et de faire ses preuves dans le délai de 18 mois prévu par la loi.